J’ai voulu reprendre la pâtisserie.

Mes beaux-parents viennent samedi. J’ai du temps, et je sais qu’il faut que je cuisine plus. Là, déjà, le premier problème. « Il faut ». Il ne faut pas, il suffit juste d’avoir envie, de chercher du plaisir dans l’action. Rien ne nous contraint. Bon, donc je recommence, ou plutôt je reformule. Je me lance et dis à Valentin que je m’occupe du repas : Entrée, plat, dessert. La totale. Pour ne pas trop me mettre la pression, étant donné que ne suis pas un cordon bleu, nous décidons de faire des lasagnes pour le plat. Valeur sûre et maitrisée. Pour l’entrée, une petite portion de velouté de pomme de terre au parmesan pour se réchauffer. Pour le dessert ça sera tarte citron meringuée. J’en ai déjà fait. Il y a 4 ans. Ça fait un sacré bout de temps. C’est comme si en y repensant, je voyais mon temps défiler, sans s’arrêter. Comme si ma vie n’avait pas décider de m’attendre et que je ne l’utilisai pas comme je l’aurais voulu. Comme si j’avais mis de côté mes passions. Comme si, si seulement.

Voilà pour le couplet mélodramatique, en attendant c’est le jour j et je m’attaque au dessert pour commencer.

Je prépare tous mes ingrédients, je dose, pèse, et m’apprête à réaliser la pâte. Tout se passe bien et puis lorsqu’il s’agit de mélanger au fouet, et bien ça colle, ça s’accroche et déjà je vois que ma patience est mise à rude épreuve. À la première contrariété. Bon je ne sais pas comment mais je réussi à maitriser cette première étape. Finalement c’est pas le fouet mais la spatule que j’utilise, sous les bons conseils de Valentin, qui assiste en silence à mon agacement. Il me glisse à l’oreille que tout va bien et que je vais très bien m’en sortir. Je suis touchée et m’attaque à mon appareil au citron.

Tout se déroule plutôt normalement et voilà qu’en touillant dans la casserole, j’ai l’impression de voir des petits bouts d’oeufs cuire… Pourquoi ? Suis-je allée trop vite ? Qu’est-ce que j’ai manqué dans cette putain de recette ? Vous ressentez mon agacement ? Je ne vous dis pas sur le moment. Ce n’est pas grave je souffle très fort, même si au fond je me dis que je ne suis pas capable de réaliser une tarte au citron. J’utilise une petite passoire et je filtre les petits bouts. Je goûte rapidement et rien à signaler. C’est à ce moment que j’ai la bonne idée de commencer en parallèle les lasagnes en préparant les légumes. Et là, je réalise que dans les courses j’ai oublié d’acheter la viande hachée. C’est l’hécatombe. Littéralement j’explose intérieurement et je me dis que je ne sais plus rien faire. Si je ne sais pas penser à tout, comment pourrais-je réussir ce foutu repas. Je me mets une pression incroyable pour réussir à faire à manger. Ne me demandez pas pourquoi je ne le sais pas. Valentin, toujours présent, me dit qu’il va tout simplement partir en acheter. Problème résolu. Dans ma tête c’est pas aussi simple.

… je n’étais pas positive

… l’idée était de préparer sereinement à manger …

Retournons à nos moutons et passons à la meringue italienne. Tout se passe bien, jusqu’au moment où je crois avoir jeté les blancs d’oeufs dans l’évier… je recommence donc à les préparer à nouveau et quand je m’approche du robot je vois qu’ils sont déjà dans le bol. En étant stressée, en faisant le dessert et le plat à la fois, en m’auto-flagelant, il est certain que je ne m’aidai pas beaucoup. C’est reparti pour un tour, mais je crains ne pas avoir assez monté les œufs avant de verser le sirop de sucre et le mélange final brunit un peu. Je me dis que c’est raté, quel positivisme la vache !

Attendez ce n’est pas terminé ! Je m’apprête à travailler la pâte avant la cuisson pour y verser ensuite mon appareil citron. Alors là vous allez dire que je cherche les complications… mais je n’ai pas de plat pour qu’elle se tienne. Je décide de la former sans… et une fois dans le four ça part en cacahuètes comme jamais. Je sors la pâte (en pleine cuisson quelle belle idée) j’utilise mon cercle et rattrape le tir comme je peux, pour que la pâte se tienne. Ça fonctionne. Mon dieu, que me réserve encore cette reprise de la pâtisserie. Hormis quelques bouts de sucres présents dans ma poche à douille avec ma meringue, empêchant celle-ci de sortir convenablement, je crois que nous avons fait le tour des mésaventures de Marion et de son idée à la con de reprendre avec un dessert « facile ».

Je vous passe l’épluchage des légumes, le mijotage des ingrédients des lasagnes. J’évite aussi le mixage du velouté et le râpage du parmesan.

Alors niveau esthétique on n’est pas sur du grand art, mais cette tarte au citron a le mérite d’exister. Au moment où je termine le dessert je réalise que je n’ai pas vraiment pris de plaisir à le faire. La raison est simple : je me suis mise dans un mauvais mood, et je n’étais pas positive. Alors que l’idée était de préparer sereinement à manger pour la soirée à venir.

J’ai même, pour vous dire la drama-queen, craqué sur le canapé en disant à Valentin que je ne savais plus rien faire. Qu’au delà de mal vivre mon inactivité je ne savais pas cuisiner. Quelle horreur. Valentin m’a réconfortée, en trouvant les mots justes pour me rappeler que ce n’était pas nécessaire de me mettre dans ces états là pour un repas, qu’il y avait plus grave et que c’était sûrement très bon.

Au final le rendu de cette journée de cuisine était satisfaisant. Mon chéri et mes beaux parents m’ont dit que c’était très bon (peut-être que Valentin les avait payés je sais pas). La soirée se passe en douceur et en rigolade.

Je réalise que je suis à fleur de peau. Que j’ai besoin de temps pour me retrouver, me calmer et mieux gérer mes émotions.

Putain de tarte au citron meringuée.

Les leçons du jour :
Une chose à la fois.
Je suis capable et la dévalorisation n’a rien de bon.
Mon repas était réussi.
Lorsqu’on arrête de pratiquer une passion, il est normal que la reprise ne se passe pas toujours comme on l’imagine.

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